Langazel renoue avec l’humain

La plupart des randonneurs respectent les consignes en restant sur les chemins balisés. Mais les passages de vélo, de chevaux, ou pire ainsi que les chiens s’aventurant dans les terriers, peuvent déséquilibrer le fragile milieu humide de Langazel.

Préservée pendant le confinement, la zone humide de Langazel voit revenir les amoureux du lieu et de la nature. Le retour aussi de comportements qui fragilisent son équilibre.

La zone humide de Langazel, à Trémaouézan, n’a pas fondamentalement changé d’allure pendant les deux mois de répit offerts par le confinement des bipèdes. Pas de nouvelles espèces végétales ou animales détectées (à ce jour), pas de nature s’épanouissant soudainement dans une luxuriance renforcée par le break d’expansion anthropocène et la chute des pollutions induites. C’est toute l’année que ce site, géré avec soin et pugnacité par l’association de Langazel, entretient la riche biodiversité d’un milieu de tourbière ceinturé par les terres agricoles.

Comme des vacances

« C’est un endroit préservé, classé Natura 2000 », confirme Vincent Le Viol. « Mais il y a quand même des chemins de randonnée et de la chasse. Leurs interruptions ont pu jouer favorablement. J’ai pu observer des perdrix. Le confinement, c’est comme des vacances pour la biodiversité », compare l’animateur nature de l’asso.

Vincent Le Viol devant le petit troupeau de pie noire de Langazel qui paît dans les prairies fleuries : « Bien pensée, l’agriculture est une force pour l’environnement », soutient...
Vincent Le Viol devant le petit troupeau de pie noire de Langazel qui paît dans les prairies fleuries : « Bien pensée, l’agriculture est une force pour l’environnement », soutient l’animateur nature.

Fin de la récré

Depuis le 11 mai, fin de la récré. Les 9 km de chemins ont rouvert leurs charmes aux marcheurs que la crise sanitaire avait tenus éloignés durant de longues semaines. Vincent Le Viol ne leur en veut pas. D’autant moins que la déambulation humaine dans l’écrin de Langazel reste l’un des outils pédagogiques les plus performants pour sensibiliser à l’environnement.

Vincent Le Viol devant le petit troupeau de pie noire de Langazel qui paît dans les prairies fleuries : « Bien pensée, l’agriculture est une force pour l’environnement », soutient l’animateur nature.

À pied : oui ; à vélo : non

« Tant que les randonneurs restent sur le sentier, ça passe, c’est fait pour ça. Mais nous voyons encore des cyclistes alors que la pratique du vélo est interdite sur trois-quarts du parcours. Des cavaliers aussi, voire pire parfois. Le problème, c’est que ces passages créent des ornières dans des sols gorgés d’eau. Cela crée des mares et rend, par endroits, le sentier impraticable aux piétons », explique l’animateur. Le marcheur doit alors rebrousser chemin ou il emprunte ceux de traverse, cette dernière option n’étant naturellement pas recommandée.

Garder son chien sur le bon chemin

Autre comportement qui hérisse le poil : « Les chiens non tenus en laisse qui vont mettre leur nez dans les fossés, les terriers, les mares et ainsi provoquer des pertes d’habitat pour les espèces sauvages. L’engoulevent d’Europe, qui nidifie au sol, a disparu de la zone à force de subir ce stress. Les chiens agissent naturellement, ce sont des prédateurs. Il appartient à leurs maîtres de les garder sur le chemin ». Aux côtés des hommes, qui peuvent admirer ce réjouissant site dans le respect d’une toute nouvelle norme apparue récemment : la distanciation physique.

En complément Changement durable?? « Essayons d’y croire »

La cote d’amour envers la nature ayant grimpé en flèche chez les hommes durant leur captivité, ce type de comportements inconscients ou égoïstes – « un faible pourcentage » -, soulignés dans l’article ci-dessus, vont-ils devenir espèce en voie de disparition ? Vincent Le Viol se montre prudent : « J’ai beaucoup entendu parler de personnes qui, confinées chez elles, ont pris le temps d’observer la nature, de voir des oiseaux, de trouver tout ça agréable. Ce virus, lié à la déforestation pour l’élevage, a aussi provoqué une réflexion sur nos modes de consommation. Il aurait pu être évité si nous vivions différemment. Ce qui ne signifie pas moins bien. Les circuits courts ont bien marché pendant le confinement. Ça fait vivre nos commerces de proximité. Est-ce que cela peut durer ? Comme je travaille dans le milieu de l’environnement, ce que je constate régulièrement m’amène à un naturel pessimiste. Mais il faut essayer d’y croire quand même. Espérons un changement de mentalités ».

https://www.letelegramme.fr/finistere/landerneau/langazel-renoue-avec-l-humain-01-06-2020-12559842.php

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